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Planète océan et planète de glace

La planète Kamino dans Star Wars © Lucasfilm La planète Hoth dans Star Wars © Lucasfilm

Je sais ce que vous vous dites : dans la panoplie des exoplanètes il doit bien exister une planète comme Hoth.
Sans doute, mais les chercheurs ont du mal à trouver une Kamino !
Le point commun de Kamino et de Hoth : l’eau.
Il est particulièrement difficile, à priori, de trouver de l’eau à l’état liquide ailleurs que sur Terre. Pour l’instant… C’est pour cette raison que je ne fais qu’un article pour ces deux planètes de Star Wars.

Europe, le glaçon :
Si on cherche de la glace, il n’est pas nécessaire d’aller très loin.
Photographie d'Europe pris par la sonde Galileo © ESASituée à 5 années de chez nous (la sonde Galileo a mis environ 6 ans pour faire le voyage Terre-Jupiter), Europe est l’un des nombreux satellites naturels de Jupiter. Découverte dès 1610 par Galilée, son nom vient de la mythologie grecque. Pour les amateurs d’astronomie, Europe est visible selon certaines périodes à l’aide de jumelles ou d’un télescope.
Ci-contre, une photo prise par la sonde Galileo en 1997.

Quelques diamètres pour avoir une idée de la taille d’Europe :
Europe : 3 121 km
La Lune : 3 474 km
Mercure : 4 878 km
La Terre : 12 756 km

Il y fait plus froid que sur Hoth : -148.15°C, de quoi être pétrifié. La surface est essentiellement composée de glace d’eau. On aurait l’impression de se promener en plein hiver polaire, car le soleil est beaucoup trop loin.
Vue d'artiste de l'océan sous la glace d'Europe © ESAD’après les scientifiques, il y aurait sans doute de l’eau liquide sous la glace (de 5 à 100 km d’épaisseur selon les endroits) car il y ferait plus chaud : cela s’explique par l’activité du noyau et les frictions des marrées engendrées par Jupiter toute proche.
Voici un schéma expliquant les deux hypothèses les plus répandues pour expliquer la présence d’eau liquide sous la surface (certains scientifiques parlent d’un océan de 100 km de profondeur). Dans la première hypothèse, la chaleur atteint directement la glace et créé de puissants geysers ; dans la seconde, il y a une étape intermédiaire avec un mélange de « glace réchauffée » et d’eau.

Bonne nouvelle : son atmosphère est composée de dioxygène ; mais elle est très ténue.
En revanche, la gravité est 7 fois moins importante que celle de la Terre. On y serait donc plus légers que sur la Lune ! Pas terrible pour une colonisation à grande échelle. Et un peu trop hostile, même comme base de repli. Surtout quand on pense aux radiations mortelles provenant de Jupiter. Pourtant, cette lune de Jupiter sera la destination de plusieurs programmes spatiaux dans les années à venir. L’un des objectifs sera de chercher des traces de vie, sous la glace, à l’abri des radiations.

Mise à jour du 09/08/12
Le robot Endurance sur le point d'entrer dans la glace © Stone AerospaceAvez-vous entendu parler de Bill Stone ? C’est le président et PDG de Stone Aerospace. Cet explorateur a l’intention d’envoyer un robot sur Europe. Il travaille actuellement sur le développement d’Endurance (Environmentally Non-Disturbing Under-ice Robotic ANtarctiC Explorer). Ce robot passe des tests d’entrainement dans le lac Bonney en Antarctique. Il y fait un froid de – 30°C. Endurance est équipé d’une centaine de capteurs, de 4 caméras, d’un scanner et d’un détecteur laser. Actuellement, pour traiter toutes ces données, il faut 45 ordinateurs ! Le robot est capable de retrouver son point de départ après avoir exploré une zone. C’est tout l’enjeu de ce programme, car il faudra récupérer les informations une fois que le robot se promènera sous la glace d’Europe.

Quel est l’objectif de Bill Stone ? Trouver de la vie ailleurs que sur Terre, et pour cela :
– Il faut tout d’abord envoyer une sonde qui fera un voyage de 5 ans.
– De cette sonde, un module se détachera et se posera à la surface d’Europe.
– Ensuite, le module lancera une sorte de foreuse indépendante qui traversera la glace. Grâce à un système de capteurs très développés, l’engin se fraiera un chemin en évitant les éventuels astéroïdes et blocs de roches pris dans la glace (cette étape dure 2 mois)
– La glace traversée, ce sera au tour de la foreuse de lancer le « vaisseau mère » : un sous marin dont le but sera d’explorer de façon générale en allant jusqu’au fond de l’océan ; sans doute dans une obscurité totale (à moins qu’un volcan ou des organismes bioluminescents apportent de la lumière).
– Si le vaisseau mère remarque quelque chose d’intérêt, il ne va pas s’y risquer. Il va larguer l’un de ses trois robots qui seront les descendants d’Endurance.

Vue d’artiste de la séparation de la sonde et du module © Stone Aerospace Vue d'artiste du largage de la foreuse par la sonde © Stone Aerospace Vue d'artiste de la sonde se frayant un chemin grâce à ses capteurs © Stone Aerospace Vue d’artiste du largage du vaisseau mère par la foreuse © Stone Aerospace Vue d’artiste du largage des robots Endurance par le vaisseau mère © Stone Aerospace
Vous l’aurez compris, il s’agit d’un jeu de poupées russes technologiques que Bill Stone propose. Endurance a un coût : 6 millions d’€uros. Une goutte d’eau lorsqu’on sait que le programme à destination d’Europe avoisinera lui-même les 3 milliards de dollars. À priori, nous allons devoir patienter jusqu’en 2048…

Mise à jour du 23/01/2014
Rendu publique il n’y a que quelques jours seulement (le 11/12/2013) après 3 ans de silence, une nouvelle particulièrement surprenante s’est répandue comme une trainée de poudre : on a trouvé de la vie sous la glace !

Photographies du champ d'anémones © Nature

Alors bien sûr ce n’est pas sous la glace d’un lac ou bien au Pôle Nord ; il s’agit du Pôle Sud : l’Antarctique pour être précis, ce continent gelé habité par les pingouins et quelques scientifiques.
L’équipe ANDRILL (ANtarctic geological DRILLing) voulait tester une imagerie embarquée à bord d’un robot pour prendre des photographies sous la glace. Il aura fallu percer un trou de 250 à 260 mètres de profondeur pour pouvoir atteindre de l’eau liquide. Ce plateau de glace recouvre une eau qui se trouve à 40 mètres en dessous du niveau de la mer.

C’est là qu’ils ont découvert une anémone de mer ! De prime abord, on pourrait trouver cela banal, mais il s’agit d’une espèce non répertoriée, baptisée Edwardsiella andrillae.
Elle vit la tête en bas, dans une eau en dessous de 0°C et le corps fixé sous la glace ! La vie dans ces conditions qui nous paraissent extrêmes, a pourtant l’air d’y être riche. Ce sont de véritables champs d’anémones que le robot SCINI (Submersible Capable of under-Ice Navigation and Imaging) a pu photographier. Elles mesurent de 2,5 à 10 cm de long, selon qu’elles sont contractées ou non.

Les scientifiques ont également pu observer des poissons se déplaçant sous la glace parmi les anémones. Ils sont « à l’envers » car Photographie du champ d'anémones © Naturele dessous de la glace leur sert de sol sur lequel ils évoluent.

Ces découvertes qui sortent de l’ordinaire, nous rappellent à quel point nous ignorons tant de choses sur nos océans et ce qu’ils abritent. En effet, à l’heure actuelle, la surface de la Lune est parfaitement cartographiée et beaucoup mieux connue que ne le sont nos fonds marins.

Une déduction suit cette nouvelle : la vie peut exister sous 250 mètres de glace, dans une eau en dessous de 0°C ! Nous ne sommes pas dans le cas de bactéries autour d’une source d’eau chaude, il s’agit d’organismes développés s’accommodant de leur milieu.
Europe, notre planète Hoth à nous, pourrait donc abriter de tels organismes. La NASA suit donc avec attention toute cette affaire et attend déjà des nouvelles de la prochaine mission qui devrait avoir lieu en 2015.

Gliese 1214b, le hammam :
Une planète océan, en voici une belle !
Découverte en 2009, elle est régulièrement réévaluée à cause de ses caractéristiques si étranges.
Située dans la constellation d’Ophiuchus, Gliese 1214b est une « super-terre ». Elle serait principalement composée d’eau. Une vraie Kamino !

Vue d’artiste de Gliese 1214b © NasaCi-contre, une vue d’artiste.
De nouveau, des diamètres pour se faire une idée :
La Terre : 12 756 km
Gliese 1214b : 34 161 km
Neptune : 49 528 km

Gliese 1214b est entre deux genres : la classe des planètes de type tellurique (la Terre, Mars, etc) et la classe des géantes gazeuses (Neptune, Uranus, etc). Le nouveau genre, donc, est celui des « super-terres ». Des super-terres, il n’y en a pas beaucoup pour le moment (moins d’une dizaine d’exoplanètes).
D’après les scientifiques, la chaleur est si intense sur Gliese 1214b, qu’une grande partie d’hélium et d’hydrogène se serait échappée depuis des milliards d’années… ne laissant que de l’eau ! Voilà comment serait passée Gliese 1214b du statut de géante gazeuse à celui de planète océan. L’hypothèse s’est vue confirmée par les derniers résultats du célèbre télescope spatial Hubble.

Il faudra faire un voyage de 42 années lumière pour pouvoir l’atteindre. Ensuite le vaisseau devrait traverser une atmosphère très épaisse composée de vapeur d’eau. Mais une fois amerri, il vaut mieux éviter de prendre l’air… ! Déjà, ce sera difficile d’admirer un ciel bleu, vu l’épaisseur de l’atmosphère et son agitation. De plus, Gliese 1214b est 60 fois plus proche de son étoile que ne l’est la Terre du Soleil. Avec une température ambiante d’environ 230°C, la baignade risque de ne pas durer longtemps. Une planète plus proche de la cure thermale (voire thermique ?) que de Kamino !
Dans l’avenir, cette planète fera l’objet de nouvelles études pour avoir une meilleure idée de ses caractéristiques.

GJ-436b, l’intriguante :
Dans le même genre que Gliese 1214b, on trouve GJ-436b. Elle est à 33 années lumière de notre Terre, dans la constellation du Lion. Cette géante gazeuse peut être considérée comme une planète océan… de glace !

Vue d'artiste de GJ-436b © NASACi-contre, une vue d’artiste.
Petit aperçu de son diamètre :
Neptune : 49 528 km
GJ-436b : 50 387 km
Uranus : 51 118 km
Saturne : 120 536 km

Elle est composée de glace chaude et d’une atmosphère de 300°C. La glace chaude (qui n’existe pas sur Terre à l’état naturel) est en fait de l’eau qui subit une énorme pression provoquant ainsi un état solide, même avec une température ambiante de 300°C. Vu son orbite, il pourrait faire plus chaud que cela encore, si son soleil n’était pas une étoile naine.
Découverte en 2004 par la méthode de transit, cette planète ne cesse de surprendre les astronomes. Elle contredit les calculs et les connaissances des scientifiques. Une telle planète dans notre système solaire devrait avoir beaucoup de méthane et une petite quantité de monoxyde de carbone. Or, c’est tout le contraire que les scientifiques constatent.
Certains d’entre eux n’hésitent pas à dire que « quelque chose » consomme le méthane et produit du monoxyde de carbone, tout comme la vie transforme notre dioxyde de carbone pour produire du dioxygène (grâce aux plantes, au phytoplancton…).
La question réside sur ce « quelque chose ». Un mécanisme chimique inconnu ? ou peut-être de la vie ?
Tout un programme…

Encelade, l’enneigé :
Montage (à échelle) d'Encelade posé sur la France © science-of-fiction.comCe satellite naturel de Saturne se trouve à un peu moins de sept ans de voyage de notre Terre (lancée en novembre 1997, la sonde Cassini a atteint Saturne en janvier 2004). Encelade a été découvert le 28 août 1789 par William Herschel. Les sondes Voyager 1 et 2 ont apporté des informations, mais c’est la sonde Cassini qui nous en apprend le plus.
Encelade est un très petit satellite de 513 km de diamètre recouvert de glace ; il a comme un air de Hoth ! Cette lune de Saturne est plus petite que la France et notre Lune est pratiquement sept fois plus grosse qu’elle !
Photographie prise par la sonde Cassini © NasaLa sonde Cassini a pu prendre ce magnifique cliché où l’on voit la lune cracher sa neige © NasaElle est si peu massive que, théoriquement, elle serait incapable de retenir une atmosphère. Pourtant, d’après les scientifiques, Encelade possède bien une atmosphère. Loin d’être inerte, Encelade a une forte activité géologique. Sa tectonique des plaques génère des fissures que l’on trouve au pôle sud. Certaines de ses failles sont si impressionnantes qu’elles sont surnommées « les rayures de tigre ». L’une d’elle s’appelle Labtayt Sulci ; profonde d’un kilomètre, il n’est pas difficile de la remarquer.
La tectonique des plaques provoque donc des cryovolcans puissants qui alimentent d’immenses geysers. Une partie de l’eau s’échappe donc définitivement de cette lune pour former l’anneau E de Saturne. L’autre partie retombe sur Encelade, sous forme de neige (il fait -200°C) et maintient la présence d’une atmosphère. Selon les chercheurs, il neigerait ainsi depuis 100 millions d’années (calcul réalisé à partir des 100 mètres de hauteur de neige dans le pôle sud).
Etant donné la chaleur et l’activité d’Encelade, ils pensent qu’il y a sans doute un océan bien liquide sous la surface. Il contiendrait le sodium qu’on retrouve dans les panaches de glace et pourrait peut-être abriter de la vie dans des eaux souterraines proches de 0°C.
Quoi qu’il en soit, Encelade crache littéralement sur tout l’anneau E de Saturne. La petite lune l’alimente en glace, arrose les autres lunes, se reprend ce qu’elle a craché (puisqu’elle tourne autour de Saturne) et elle modifie même l’atmosphère de Saturne.
Ce bout de caillou est petit mais costaud !
D’autres données devraient arriver dans les années qui viennent pour tenter d’élucider certains des mystères d’Encelade.

Mise à jour suite à l’actualité du 18 avril 2013

Kepler-62f et Kepler-62e, les jumelles habitables:

Vue d’artiste de Kepler-62-f © Nasa C’est dans le système solaire « Kepler-62 » qu’ont été découvertes 5 nouvelles exoplanètes. Rien de surprenant jusque-là. La joie des astronomes vient du fait que deux d’entre elles seraient situées dans une zone habitable.
En effet, les deux planètes de type Super-Terre possèdent une atmosphère qui semble nuageuse et elles sont recouverte d’eau !
Kepler-62e fait le tour de son étoile (plus petite et plus froide que notre soleil : une naine rouge) en seulement 122 jours. Quant à Kepler-62f, elle orbite en 267 jours.

Vue d’artiste de Kepler-62-e © NasaUne idée de leurs diamètres :
La Terre : 12 756 km
Kepler-62f : 17 986 km
Kepler-62e : 20 537 km
Neptune : 49 528 km

D’après les quelques données collectées, les océans qui recouvrent chacune des deux Super-Terres viendraient de la fonte d’une épaisse couche de glace datant d’une époque où les planètes étaient plus éloignées de leur étoile. En se rapprochant de leur soleil, Kepler-62f et Kepler-62e ont vu naître leurs océans planétaire. C’est comme si Hoth s’était mise à fondre, pour devenir Kamino ! Et cette fois, on a deux Kamino pour le prix d’une. Les océans seraient profonds de plusieurs dizaines de kilomètres (ce qui n’est pas sans rappeler les autres exoplanètes) et les conditions idéales à la vie (chaleur, pression, gravité) pourraient être réunies.
Ces planètes seraient donc habitables. Mais sont-elles déjà habitées ? Étant basée sur une évolution sous marine, une espèce Comparatif du système solaire de Kepler-62 avec notre système solaireexotique n’aurait pas l’accès au feu comme le souligne Lisa Kaltenegger (astronome à l’Institut Max Planck) : Si vie il y avait sur ces mondes, elle serait sous-marine, sans accès facile aux métaux, à l’électricité, au feu ou à la métallurgie.
Cela laisse donc penser qu’une forme de vie avancée comme celle de Kamino ne serait pas possible. Il faudrait donc que, sous une forme ou une autre, des êtres aient réussi à s’approprier le feu ou une énergie semblable pour pouvoir passer à un stade supérieur dans leur évolution.
Mais les exoplanètes ne sont pas exotiques pour rien. Pour le moment on ne peut être sûr de rien. Le plus simple est encore d’y aller. Malheureusement, cela risque de ne pas être pour tout de suite, car le système solaire Kepler-62 se situe à 1200 années-lumière de nous, dans la constellation de la Lyre…

Sources et infos :

Sites officiels :
Communiqué de la NASA (Kepler-62f et Kepler-62e)
Publication des astronomes + PDF
L’interview de Lisa Kaltenegger sur le blog Passeur de science

Mission Galileo
Le catalogue des exoplanètes
Stone Aerospace
PLOS ONE
ANDRILL

Vidéos :
Encelade, images analysées
Europe, une lune de Jupiter (documentaire sur le projet de Bill Stone)
Les anémones sous la glace

Films

Star Wars © Lucasfilm

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